« Certains passent des nuits à
confectionner un char »
Mélange de genres, la Zinneke Parade doit pourtant
aboutir à un ensemble cohérent. Une réussite
qui tient parfois du miracle.
ENTRETIEN
Luk Mishalle, vous êtes directeur artistique
de la zinnode (1) Nord-Ouest. Comment réussissez-vous
à mélanger les genres pour parvenir à
un ensemble cohérent ?
C'est un mystère. En fait, il s'agit d'un travail
de plus d'un an. J'ai le titre de directeur artistique
mais je suis en fait davantage un coordinateur. Pendant
toute cette période, je m'attache à ce
que les différentes idées s'échangent.
Il m'appartient ensuite de trouver une solution pour
que tout le monde puisse travailler ensemble. C'est
vrai que, a priori, la musique nigériane et la
fanfare contemporaine ne se marient pas !
Quel est alors le secret de la réussite ?
La volonté des participants explique beaucoup.
La plupart ont un travail à temps plein. J'en
connais qui passent des nuits à confectionner
un char. Je travaille aussi avec des gens qui n'ont
pas vécu plus de dix ans à Bruxelles et
qui ont envie de montrer leur appartenance à
la ville. Cet enthousiasme est pour beaucoup dans la
réussite du projet.
Vous avez une idée en tête et recrutez
ensuite ou travaillez-vous plutôt en fonction
des participants ?
C'est plutôt la deuxième option. Dans
notre pôle, on travaille avec des gens qui se
sont spontanément proposés. Tout dépend
en fait du projet artistique. Parfois, il est nécessaire
de faire appel à des personnes dotées
de compétences spécifiques.
Assistez-vous parfois à des surprises ?
Pas de mauvaises en tout cas. Après deux répétitions,
on sentait que ça pouvait fonctionner. Généralement,
pourvu que l'esprit y soit, cela ne débouche
pas sur un échec. Certains artistes qui travaillent
avec nous ont déjà une expérience
de ce type de travail et la plupart acceptent volontiers
de collaborer avec des autodidactes.
Précisément, pensez-vous que la Zinneke
puisse faire naître des vocations ?
Il ne faut pas donner trop d'espoir aux gens. Il y
a une grande différence entre ceux qui jouent
dans des groupes dans le cadre de la Parade et des pros.
Cela dit, le but n'est pas là non plus. Il est
plutôt de leur donner le goût de la musique
et du spectacle. De toute façon l'élément
créatif reste.
Quels sont alors les critères pour engager quelqu'un
pour la Zinneke ?
Il faut avoir envie d'exprimer quelque chose. Nous
orientons alors en fonction des qualités.
Que vous apporte à vous, saxophoniste professionnel,
de travailler avec des amateurs ?
C'est un travail qui s'effectue dans le cadre d'un
groupe. Ce qui suppose aussi un échange d'idées.
C'est très enrichissant.·
(1) Une zinnode est constituée de partenaires
multiples qui s'organisent autour d'un projet artistique
commun. Chaque zinnopôle développe plusieurs
zinnodes.
FABRICE VOOGT
© Rossel et Cie SA, Le Soir, Bruxelles, 2002
http://www.lesoir.be
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